Pourquoi et comment recycler ses cheveux ?

10 juillet

Recycler les cheveux joue un rôle clé dans la gestion des déchets. Chaque jour, les coiffeurs réalisent des milliers de coupes partout en France. Derrière ce geste quotidien, pourtant banal, se cache une réalité préoccupante. Cela génère une énorme quantité de résidus capillaires. Chaque année, nous jetons entre 3 000 et 4 000 tonnes de mèches coupées. Pourtant, une question simple reste souvent ignorée : que deviennent ces fibres une fois tombées au sol ?

Longtemps perçus comme des déchets sans valeur, les cheveux coupés étaient systématiquement éliminés. Mais aujourd’hui, alors que la réduction des déchets et la valorisation des ressources deviennent des enjeux majeurs, il est temps de changer de regard.

D’après l’Institut national de l’économie circulaire, 90 % des mèches finissent incinérées ou enfouies, sans recyclage possible. Faut-il s’en contenter ? Ou peut-on imaginer pour elles une seconde vie, utile et durable ?

Recyclage des cheveux coupés guide complet pour valoriser cette ressource naturelle

Composition et cycle de vie d’un cheveu

La fibre capillaire se compose à plus de 95 % de kératine, une protéine fibreuse que l’on trouve naturellement dans la peau, les ongles et les poils. Cette kératine, riche en acides aminés contenant du soufre, confère à la fibre à la fois résistance, souplesse et une grande difficulté à se dégrader. Le reste de la fibre comprend de l’eau, des lipides, des pigments tels que la mélanine, responsable de la couleur, ainsi que des oligo-éléments essentiels.

Sa structure se divise en trois couches :

  • La cuticule : la couche externe, formée d’écailles protectrices.
  • Le cortex : la partie centrale, riche en kératine, qui donne force et élasticité
  • La moelle : une couche intermédiaire parfois absente, notamment dans les fibres fines

Que deviennent vos cheveux coupés en salon de coiffure ?

Dans un salon de coiffure classique, le cheveu suit un parcours simple : il est balayé, jeté à la poubelle. Ensuite il est transporté avec les autres déchets du salon. Ce processus semble anodin, mais il a un réel impact environnemental.

💡Composé principalement de kératine et de soufre, la fibre se dégrade très lentement. Lorsqu’il est incinéré, il émet du dioxyde de carbone. Cela contribue aux émissions polluantes globales.

De plus, les cheveux coupés se retrouvent souvent mélangés à d’autres déchets, comme les restes de produits de coloration. Ce mélange complique leur traitement et empêche tout recyclage efficace. En conséquence, ils finissent presque toujours à la poubelle, sans aucune valorisation possible. Pourtant, se faire couper les cheveux, un geste du quotidien, génère un impact environnemental important. Grâce aux progrès technologiques, nous comprenons désormais mieux comment collecter, trier et valoriser ces déchets capillaires.

Recyclage des cheveux : le fonctionnement

Collecte en salon de coiffure

Depuis quelques années, certains salons de coiffure s’engagent activement dans des initiatives de recyclage. Ils ne jettent plus les cheveux coupés avec les autres déchets, mais les collectent séparément, dans des sacs ou contenants dédiés. Une fois récoltés, ces résidus partent vers des structures spécialisées où les équipes les trient, les stockent, puis les préparent pour différentes formes de valorisation.

Valorisation variée des cheveux coupés

Une fois collectée, cette matière naturelle peut être valorisée de multiples façons :

  • 🛢️Absorption des hydrocarbures : utilisée pour fabriquer des boudins filtrants, elle capte les polluants présents dans l’eau ou les sols.
  • ☀️Paillage pour l’agriculture : transformée en tapis biodégradables, elle protège les cultures, limite l’arrosage et favorise la conservation des sols.
  • 🪴Compost : grâce à sa richesse en azote, elle est mélangée à d’autres matières organiques pour améliorer la fertilité des terres.
  • 🏠Isolants : une fois compactée, elle sert à la création de matériaux isolants, efficaces sur les plans thermique et acoustique.
  • 👚Textiles innovants : ses fibres sont parfois intégrées à des matériaux utilisés dans l’artisanat ou certaines industries.

Ces usages démontrent clairement que le cheveu, souvent considéré comme un simple déchet, représente en réalité une ressource naturelle aux multiples atouts. Léger, résistant, biodégradable et abondant ;  il s’intègre idéalement dans les démarches d’économie circulaire. En valorisant cette fibre, nous réduisons non seulement la quantité de déchets incinérés. Nous favorisons également des solutions concrètes pour l’environnement, telles que la dépollution et la diminution de la consommation d’eau.

Focus sur les utilisations insoupçonnées des cheveux recyclés

Les mèches et résidus de coupe dépolluent efficacement grâce à leurs fibres capillaires naturellement absorbantes. En effet, elles retiennent les graisses, les huiles et les hydrocarbures. C’est pourquoi on transforme ces fibres en boudins filtrants que l’on place dans les ports, rivières ou zones industrielles pour piéger les polluants. Mieux encore, un seul kilo de matière capillaire peut absorber jusqu’à huit fois son poids en hydrocarbures. Cette solution écologique et biodégradable fonctionne sans aucun ajout de plastique.

Une ressource organique pour le jardin et les cultures

Les cheveux servent également dans l’agriculture comme paillage naturel. Étendus au pied des cultures, ils retiennent l’humidité et empêchent la pousse des mauvaises herbes. Cela permet de :

  • réduire l’usage de bâches plastiques,
  • économiser l’eau,
  • enrichir lentement le sol.

Compostage durable : les cheveux s’invitent

La fibre capillaire, naturellement riche en azote, peut être un nutriment clé pour la croissance végétale. Une fois découpée en petits fragments, il est possible de :

  • l’ajouter au compost domestique,
  • la disperser au pied des plantes,
  • l’utiliser comme répulsif naturel contre les nuisibles.

Bien que la fibre se décompose lentement, son apport nutritionnel reste intéressant sur le long terme.

Usages scientifiques et industriels

La kératine extraite trouve de nombreuses applications innovantes. Elle sert notamment à fabriquer des panneaux isolants pour le bâtiment. On l’utilise aussi pour créer des biomatériaux souples, appréciés dans le textile et la recherche médicale. Par ailleurs, la kératine suscite un intérêt croissant dans le développement de soins pour la peau et les articulations, grâce à ses propriétés régénérantes.

Pourquoi le recyclage capillaire peine à décoller en 2025 ?

Une filière encore peu développée

Aujourd’hui, la plupart des salons jettent encore les mèches coupées à la poubelle, limitant ainsi le recyclage capillaire. Pourtant, avec plus de 110 000 salons répartis sur tout le territoire, ce secteur offre un potentiel de développement immense. La filière démarre à peine, mais les initiatives se multiplient et la prise de conscience grandit. Dans les années à venir, ce domaine pourrait connaître un véritable tournant.

Des contraintes logistiques

Le recyclage des cheveux implique une certaine organisation au sein du salon. Il faut prévoir un espace dédié pour stocker les mèches coupées, souvent dans des sacs ou des boîtes spécifiques. Cela demande aussi de la régularité dans la collecte et l’expédition vers les structures spécialisées. À cela s’ajoutent les frais de transport, qui peuvent peser sur les petits établissements.
Ces contraintes, bien que surmontables, freinent encore aujourd’hui une adoption plus large. Tous les coiffeurs ne disposent pas des moyens ou du temps nécessaires pour intégrer cette pratique à leur fonctionnement quotidien.

Des cheveux pas toujours exploitables

Certaines fibres, trop courtes ou trop traitées chimiquement, ne peuvent pas être valorisées. De plus, les colorations ou décolorations compliquent certains usages, notamment dans la recherche ou le compostage.

Un secteur sans cadre clair

Même si des initiatives locales ambitieuses se multiplient, la collecte reste aujourd’hui très dispersée en France. Les acteurs locaux développent des dispositifs variés, souvent fragmentés selon les territoires, ce qui ralentit leur généralisation. Sans un cadre national clair, la filière capillaire ne se structure pas suffisamment, ce qui freine le développement d’infrastructures adaptées à grande échelle.

S’impliquer à son échelle dans une coiffure plus durable

Même en tant que particulier, vous pouvez participer à cette dynamique positive.

  • Choisissez un salon engagé : renseignez-vous auprès de votre coiffeur : s’il participe à une collecte dédiée, les coupes réalisées seront valorisées plutôt que jetées.
  • Recyclez à la maison : coupez les mèches en petits morceaux et ajoutez-les à votre compost ou directement au jardin. Vous enrichirez naturellement le sol en azote.
  • Participez à des collectes locales : certaines associations, établissements scolaires ou collectivités organisent des collectes ponctuelles. Renseignez-vous dans votre région.
  • Sensibilisez autour de vous : parlez-en à vos proches et à votre coiffeur habituel. Le bouche-à-oreille est un excellent levier.

Longtemps perçue comme un simple déchet, cette fibre naturelle regorge pourtant de possibilités. Absorbante, riche en nutriments, transformable… elle peut dépolluer les eaux, nourrir les sols ou encore servir de matériau isolant. En adoptant quelques gestes simples, vous jouez un rôle concret dans une démarche plus responsable.

En donnant une seconde vie à ce qui est coupé, vous transformez un geste banal en un acte important pour l’environnement. Et si chaque passage chez le coiffeur pouvait devenir un acte utile ?

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